30 - PECHE AU COUP AVEC PAUL LAFONT
A SAINT LAURENT D'AIGOUZE

Rencontre avec Paul Louis Lafont
Que celui qui ne connaît pas Paul Louis lève le doigt !
Il faut dire que Paul Louis Lafont à plusieurs titres dont celui de champion de France « moulinet » en 2002 à Felletin et un titre de champion de France « coup » à Compiègne en 2007. Il est aussi le Capitaine de l'équipe de france Seniors !
Respect Paulo !

D’habitude c’est moi qui vais pêcher chez vous, mais aujourd’hui c’est le contraire et j’accueille Paulo, chez moi, sur les rives du Vidourle dans le département Gard.
Cela sous un ciel gris, ce qui dément les envolées dithyrambiques vantant le ciel bleu et la douce chaleur printanière de ce terroir dont les vignobles et le passé historique sont connus dans le monde entier.
Enfin presque… N’exagérons pas trop, même si nous sommes dans le Midi !

Bonjour Paulo !
De très bonne heure, pour éviter la grosse chaleur (qui ne viendra pas) Paulo est arrivé avant moi sur les berges du Vidourle, pour reconnaître le parcours, à la hauteur de Saint d’Aigouze, avec son « fourgon magasin » qui ferait le bonheur de beaucoup de pêcheurs.

Tout est bien rangé, classé, propret et l’on sent déjà au premier regard que ce pêcheur ne laisse rien au hasard !
Nous échangeons quelques banalités de circonstances, heureux de nous retrouver, puis l’envie de pêche étant la plus forte, nous allons voir la place que j’ai prévue pour notre expert. Un coin suffisamment dégagé pour pêcher à l’anglaise, sauf qu’il faudra passer le scion entre les branches pour lancer la ligne.
Un léger handicap qui ne le gênera pas le moins du monde.
Le secret : « il ne faut pas fouetter, mais balancer ».

Le poste
La rivière est calme (pardon le fleuve) et le barrage en aval du pont routier, se situe une centaine de mètres plus bas. Nous sommes dans la partie la plus large et à 30 mètres un banc de nénuphars attire immédiatement son regard :
 « il y a longtemps que je n’avais pas vu ce genre de végétation dans une rivière.
Cela me semble prometteur »  dit-il lœil gourmand !
Je lui confirme que c’est à ras de ce banc végétal aux fleurs jaunes qu’il faudra pêcher pour débusquer gardons, rotengles et brèmes.
Sitôt dit, sitôt en action et il déballe son matériel.
Je le regarde sortir son matériel et autres accessoires, bien emballés dans leurs housses et les fourreaux.

Les amorces
Après un temps de réflexion, il sort les amorces d’un des cartons :
Je vais utiliser deux kilos de gros gardons et un kilo de carpe auquel j’ajouterai 6 litres de terre de Somme une fois que l’amorce sera mouillée. Pour prendre l’eau située en contrebas, il dispose d’un seau souple attaché au bout d’une corde. Une nouveauté de Maver et qui, dans ces circonstances est bien pratique.
Après avoir mélangé et mouillé ses amorces, retour au camion.
D’une caisse en polystyrène de 50 litres, très bien réfrigérée,  il choisit deux litres de gozzers rouges. J’ai acheté ces esches hier soir et ils feront parfaitement l’affaire pour « mettre de la viande » dans l’amorce. Je vais même ajouter ce demi-litre qui me reste du concours de dimanche dernier. Effectivement cela fait beaucoup d’esches !
Quand on dit qu’il ne faut pas gaver les poissons, Paulo pense le contraire !
Il ne faut pas être timoré dans certains cas, quand il faut… il faut ! D’ailleurs c’est bien le problème des compétiteurs lorsqu’ils arrivent en haut niveau ; lorsqu’ils ont trop d’esches ils ne savent pas les utiliser… La faute aux concours où tout est limité, trop réglementé ! Un ange passe aux couleurs de la FIPS

Les cannes
Pour ce qui concerne les cannes, il choisit deux cannes DIAMOND Long Cast, l’une en 3,90 m et la seconde en 4,20 m.
Cette série très particulière est conçue pour la pêche à distance moyenne, qui permet néanmoins d’utiliser des nylons très fins. Le scion possède une caractéristique très particulière, puisqu’il est en carbone haut module plein, ce qui lui donne une souplesse très particulière qui permet, entre autres choses, de mieux amortir les ferrages rapides, même sur des poissons aux bouches délicates, comme les brèmes. La Diamond possède une action progressive qui s’accorde parfaitement avec la courbure du scion. Ceci lui donne une formidable précision lors des lancers « pointus ».

Les moulinets
Ce sont aussi de petits bijoux de perfection. Paulo utilise pour les deux cannes le même modèle, le 2000 de série Reactorlite, moulinet de haut de gamme, très soigné dans son look, mais surtout bien adapté pour les cannes légères comme la pêche à l’anglaise. Il possède un anti-retour infini, le rotor est très bien équilibré (électroniquement) la bobine est en aluminium et la mécanique est d’une extrême fiabilité. Bref des caractéristiques indéniables et nécessaires pour un moulinet de haut niveau, destiné à un pêcheur de haut niveau !

Le choix des lignes
Pour cette pêche à 25 mètres en courant presque nul, Paulo a choisi deux méthodes.
- La première canne de 3,90 m propulsera un waggler droit en Sarkanda pour une pêche discrète, à traîner de 10 cm maximum.
- Pour la seconde, la canne de 4,20 m servira à pêcher avec un flotteur bulbe, mode coulissant, même si la profondeur n’est que de 2,20 m environ.
Ceci doit permettre de positionner l’appât sur le fond, sur environ 40 cm, pour prendre les beaux plateaux, s’ils daignent venir.

Petite astuce de Paulo, sa ligature de distance.
Je suis étonné de voir encore des pêcheurs utiliser un marqueur blanc pour déterminer la distance de pêche. Cela ne tient pas et il faut refaire la marque sans arrêt…bref du temps perdu !
Je préfère placer une ligature sur mon corps de ligne pour marquer les 25 mètres, comme aujourd’hui.
Enfin plutôt deux ligatures pour être précis, l’une dans le sens inverse de l’autre, ce qui fait que le repère ne bouge pas d’un poil !

Les premiers poissons
Et après avoir minutieusement sondé, il commence un amorçage en règle, catapultant plus d’une dizaine de boules à 5 mètres du banc de nénuphars :
il faut faire sortir les poissons sinon, en pêchant plus loin je risque de m’accrocher au fond.
Premier passage avec la ligne fixe, c’est un magnifique rotengle !
Superbe, il y a longtemps que je n’avais pas pris de rotengles en rivière…
Et hop, une nouvelle boule, exactement à la même distance, mais légèrement plus bas.
Je lui demande sa technique personnelle pour obtenir le maximum de précision à la fronde. Il sourit et il me confie que ceci est un vrai travail de patience, fait à la maison :

Je place à l’intérieur de mes élastiques de la tresse que je prévois à longueur évolutive.
Dès que j’ai étalonné ma distance de pêche, je bloque les deux élastiques et je construis deux frondes sur le même modèle de manière à avoir une fronde de rechange si cela devait casser pendant un concours.
J’ai ainsi toute une série de frondes qui vont de 20 mètres à 40 mètres, étalonnées de 5 mètres en 5 mètres !
Un vrai travail, très minutieux mais très gratifiant au final, car ceci me permet d’être extrêmement précis au rappel.

Et hop, une nouvelle boule… je l’alerte : touche… il dépose la fronde de la main gauche et ferre amplement de la main droite.
Cette fois-ci c’est un beau gardon argenté aux nageoires bien orangées.
Ils sont beaux les poissons ici. Je me régale avoue-t-il.
Et la séquence de se poursuivre inlassablement.

Une boule à la fronde, le dépôt du waggler à ras des nénuphars, un poisson à chaque coulée.

Il n’y a pas que les poissons à avoir faim
Au bout d’une heure je lui propose de modifier la bouchée : mets plus gros.
Il change de canne et empoigne la ligne coulissante : hameçon de 14 esché d’un bouquet d’asticots.
Illico presto… la première brème.
Yes !

Le début d’un festival qui ne sera interrompu que par le désir, bien légitime de nos épouses, de passer à table !
Repas en plein air, sous les grands arbres, au bord de l’eau.
Madame entame une petite sieste ...

L’ambiance est au beau fixe et je rassure Paulo en lui certifiant que puisque le vent tourne, il fera beau l’après-midi pour faire des photos.
Ici le temps change avec la marée lui dis-je… (Nous sommes à 5 kilomètres de la mer), les marées méditerranéennes sont bien connues !

Rires…